1947 LA FONDATION D’ANTHOGYR L’usine Anthogyr rue des Trois Lacs à Sallanches, dans les années 1950. The Anthogyr factory on Rue des Trois Lacs in Sallanches in the 1950s. S ous l’Occupation, le régime fulgurant. En janvier 1944, 95 des 208 noms de Vichy crée des comités inscrits sur le carnet de commandes ont passé d’organisation (CO) pour des ordres pour des produits Anthogyr ! Si ce contrôler la vie économique succès témoigne de la pénurie d’instru- du pays et définir la politiquements dentaires dont souffrent la France et des différentes branches industrielles. C’est à l’ini-Anthoine Émile et Fils se tiative de l’un de ces CO qu’Anthoine Émile etlance dans la fabrication Fils se lance dans la fabrication d’instru- ments dentaires, parallèlement à la fabricationd’instruments dentaires, en sous-traitance de pièces microméca- parallèlement à la fabrication niques. L’activité est créée presque ex nihilo,en sous-traitance de pièces comme l’atteste une missive de 1946 adressée au ministre de la Production industrielle : micromécaniques, en 1943 « Sur les conseils de notre comité d’organisa- tion, nous avons monté de toutes pièces, il y al’Allemagne, il est également révélateur de trois ans,la fabrication du petit appareillage“l’effort considérable” – l’expression est uti- dentaire. » Les établissements Anthoine se1 lisée dans une lettre de 1946 – consenti par forment dans le même temps au maniement l’entreprise pour développer l’activité. Celle- de 15 tours Tornos initialement destinés à la cimet non seulement son représentant fabrication de vis de montres, mais qui pré- commercial à pied d’œuvre, mais fait aussi sentent l’avantage d’être facilement adap- réaliser des prospectus publicitaires par le tables à la production de pièces de dentisterie.meilleur imprimeur de la place de Paris : Les tout premiers clients dans le domaine Draeger. En 1947, quatre des petits-fils d’Émile sont recensés en janvier 1943. La marque Anthoine revendiquent leur part dans l’affaire Anthogyr voit le jour cette même année, familiale et provoquent la scission de l’entre- “Antho” de Anthogyr provenant du patronyme prise. Sortie du giron d’AEF, Anthogyr devient Anthoine, “gyr”, tiré du grec, signifiant officiellement une entité indépendante. Charge, “tourner”. Ce suffixe fait à la fois référencedésormais, à René Anthoine et ses frères de au tour utilisé dans l’activité de décolletagepoursuivre l’essor de la spécialité dentaire et à l’appareil pivotant du dentiste. Dès lors, laabritée dans l’usine flambant neuve du 6, rue nouvelle branche connaît un développement des Trois Lacs à Sallanches. 1Copie d’une lettre des établissements Anthoine adressée au ministre de la Production industrielle datée du 26 février 1946, reproduite dans le mémoire d’Arnaud Desgranges, Les établissements Anthoine, Une entreprise de décolletage pendant la Seconde Guerre mondiale, entre crises et prospérité,UPMF, 2010. 24